Navigation

mercredi, 20 février 2019 13:10

Maladie dégénérative mitrale

Écrit par

 

Neska est une chienne Bichon de 10 ans qui présente un souffle systolique apexien gauche de grade 4/6, sans symptômes associés. Bien qu’une maladie mitrale dégénérative soit probable (race, âge…), la propriétaire ne souhaite pas faire de traitement s’il n’est pas réellement nécessaire (coût, difficulté d’observance…etc). On réalise donc une échocardiographie doppler dans le but :

  • de confirmer la maladie mitrale
  • de préciser le stade ACVIM de la maladie (stade asymptomatique B1 ou B2 ?) pour décider de l’instauration ou non d’un traitement
  • de grader la fuite par différentes méthodes (quantitatives si possible), et d’objectiver certains facteurs pronostiques négatifs qui peuvent faire suspecter une évolution rapide.

 

1/Maladie valvulaire et stade

Une fuite mitrale primaire significative est objectivée et les mesures des cavités gauches montrent des remaniements (rapport protodiastolique OG/Ao>1,6 et diamètre VG en télédiastole normalisé par rapport au poids >1,7), il s’agit d’un stade B2 selon la convention ACVIM actuelle.

 

 

 

Cf fig : 1 abord droit petit axe : mesures Temps Mouvement transventriculaires. 

 

2/Fonction systolique

La fraction de raccourcissement FR et la fraction d’éjection FE du ventricule gauche sont dans les valeurs hautes, ce qui est souvent le cas dans les insuffisances mitrales et plutôt rassurant (une valeur normale/basse pourrait faire suspecter une baisse de contractilité intrinsèque de mauvais pronostic).

 

 

Cf fig 2 : abord gauche apicale 4 cavités : calcul des volumes selon la méthode Simpson biplan.

 

3/Sévérité de la fuite 

La fraction de régurgitation est ici de 68%, c’est à dire que sur 100 ml dans le ventricule gauche, 68 ml repartent vers l’oreillette gauche au lieu d’être éjectés dans l’aorte. Ce pourcentage caractérise une fuite assez importante et susceptible d’évoluer.

 

 

Cf fig 3 : abord gauche 4 cavités : mesure du rayon PISA pour le calcul du volume régurgité.

 

4/Fonction diastolique

Le but principal de l’étude de la diastole ici est d’évaluer l’élévation des pressions de remplissage du ventricule gauche qui prédisent l apparition des signes cliniques (OAP).

Cette évaluation est complexe et nécessite la prise en compte de nombreuses mesures. Ici ces mesures sont concordantes pour conclure à l’absence d’anomalie.

 

                              

 

Fig 4 : abord gauche Apicale 4 cavités, doppler continu pour l’estimation des pressions pulmonaires.

Fig 5 : abord gauche Apicale 4 cavités, doppler tissulaire pour le calcul du rapport E/E’.

 

Conclusion : Neska est au stade B2 de sa maladie mitrale et nécessite donc un traitement. La fuite est importante mais il n’y a pas de signe d’élévation des pressions de remplissage. Un suivi semestriel est donc suffisant mais des explications claires sont données au propriétaire. Une évolution aigue (rupture de cordage) est toujours possible, et la surveillance « à la maison au calme » de la fréquence respiratoire est primordiale. Une fréquence respiratoire pendant le sommeil supérieure à 30 voire 35 mouvements par minute (ou une augmentation brutale par rapport à la valeur habituelle) doit motiver une consultation rapide.

 

 

DISCUSSION :

Ce cas permet de faire un point sur les recommandations ACVIM actualisées récemment (Cf tableau) et illustre un des intérêts de l’échocardiographie dans la gestion d’une maladie valvulaire dégénérative.

L’étude EPIC (2016) s’est basée sur le recrutement d’animaux asymptomatiques présentant un souffle de grade ≥3/6, l’absence d’œdème à la radiographie thoracique et un VHS supérieur à 10,5 et pour lesquels l’échocardiographie à confirmer la maladie valvulaire mitrale et mis en évidence des remaniements cardiaques (dilatation de l’oreillette + / - ventricule gauche).

La période préclinique (stade B) est souvent de plusieurs années, d’où l’importance de savoir quand commencer à traiter ! Certains animaux avec une fuite mitrale minime ou modérée ne présenteront même jamais de symptômes ! L ‘étude EPIC a ainsi montré que traiter au pimobendane les animaux en stade B2 allongeait la période avant symptômes de 15 mois en moyenne. La caractérisation de ce stade B2 comme défini actuellement est facilement réalisable en échocardiographie.

 

Stade ACVIM

Clinique

Imagerie

Conduite à tenir

Stade A

Races à risque, asymptomatique

Pas de dilatation gauche

Sensibilisation du propriétaire

Stade B1

Asymptomatique,

Pas de dilatation gauche

Pas de traitement, Surveillance annuelle

Stade B2

Asymptomatique, SSAG ≥3 /6

Dilatation gauche, OG/AOtd ≥1,6

DIVGtd N≥1,7

ou VHS≥11,5

Pimobendane 0,25mg/kg/12h

Surveillance semestrielle

Stade C

Symptomatique, bonne réponse au traitement

congestion veineuse, épisode d OAP ;

Pimobendane, Furosémide, et ajout d’IECA/spironolactone en phase chronique. Surveillance trimestrielle.

Stade D

Symptomatique, réfractaire au traitement (notamment dose élevée de furosémide)

Idem C, chercher une hypertension pulmonaire HTAP

Torasémide amlodipine,

Sildenafil, amiodarone, digoxine, diltiazem...

 
     

Vous n'avez pas encore de compte? Vous inscrire maintenant !

Connectez-vous à votre compte